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Anatomie digestive et comportement alimentaire - Evolution du cheval

Dernière mise à jour : 5 janv. 2020


*Article interactif - cliquez sur les mots soulignés pour avoir accès à des informations supplémentaires.*

Je vous partage mon travail de mémoire dont le thème est Le Comportement des Chevaux à l'Herbage, où mon but est d'observer leur comportement alimentaire: comment ils choisissent l'herbe qu'ils mangent, et qu'est ce qui influe sur ces comportements. De cette façon, j'entre-coupe mes deux domaines de prédilection: l'alimentation et le comportement, le tout sur des chevaux dans un environnement plus ou moins naturel - en prairie et en troupeau.

Vous pouvez avoir accès aux parties de mon mémoire, écrites en langue originale (c'est à dire en anglais, désolé les non-anglophones!) au niveau de la bibliothèque de PDF. Vous y trouverez la totalité des informations sur l'évolution des chevaux, et le lien entre leur environnement, leur comportement et leur physiologie.

Effectivement, ces trois éléments sont indissociables et sont responsables pour la formation d'une espèce telle qu'on la voit sous les yeux. Cet environnement offre des resources, comme la nourriture accessible à chaque animal, mais aussi des limitations, comme la prédation dans le cas des chevaux. Chaque resources et limitations offertes à une espèce à un instant T devient ce qu'on appelle une pression de sélection: seulement les individus les mieux adaptés à cet environnement a cet instant T vivront plus longtemps et par conséquent se reproduiront plus et passeront leurs gènes à un plus grand nombre.

Prenons l'exemple de l'éléphant de nos jours. À la base, les éléphants ont évolués pour avoir des défenses d'ivoire de chaque coté de la trompe, leur permettant ainsi de mieux se défendre de leurs prédateurs. Ceci représentant un avantage, ce sont les éléphants avec les plus longues défenses qui sont le plus représenté dans l'espèce - les autres sont moins bien capable de se défendre, meurent plus jeunes, et ont moins de progéniture. Mais a certains endroits il se trouve que la pression sélective la plus forte n'est pas la prédation, mais la chasse humaine pour la récolte d'ivoire. Dans ce cas, ce sont les éléphants sans défenses qui sont avantagés, et ce sont eux qui sont les plus représentés dans la population. Voici donc un exemple de comment l'environnement peut influencer la physiologie. Et c'est ensuite en influençant la physiologie d'un animal qu'on peut influencer son comportement. Si l'éléphant sans défenses est avantagé contre le braconnage, il n'est certes pas avantagé face a ses prédateurs naturels - il devra trouver un autre moyen au niveau de son comportement pour se défendre.

Et c'est ainsi que environnement, physiologie et comportement sont étroitement liés. L'environnement est lui aussi à son tour affecté par les animaux qui y évolue, et c'est pour cela qu'on peut dire que ne pas respecter l'un de ces 3 éléments, c'est affecter les 2 autres.

"Behaviour is an expression of physiology"

{Le comportement est l'expression de la physiologie}

Mills et Nankervis, 1999, p3

Phylogénie et premiers ancêtres

Les chevaux font partie de la famille des Equidés (ou Equus), qui regroupe aussi les zèbres et les ânes. Les Equidés sont des mammifères de l'ordre des périssodactyles. Cet ordre regroupe les animaux ongulés qui possèdent un nombre impair de doigts sur chaque jambe. D'autres caractéristiques de l'ordre sont la fermentation intestinale, le régime alimentaire herbivore et une certaine morphologie dentaire permettant de se nourrir de fourrages.

L'ancêtre de tout les herbivores a vécu il y a environs 65 à 70 millions d'années (hier donc) et s'appelait le condylarthra. C'est de là que le cheval tient ses plus anciennes origines: un petit animal à 4 pattes qui possédait 6 incisives , 2 canines, 8 prémolaires et 6 molaires (la comparaison s'arrête là, je vous rassure, les chevaux ont bien évolués depuis!).

Le premier ancêtre directement lié à Equus est le Hyracotherium, qui a vécu en Amérique du Nord il y a 54 million d'années - il y a donc bien longtemps. Hyracotherium a marqué le début de l'évolution d'une espèce faite pour vivre dans les grandes prairies. Mais à la base, Hyracotherium est un petit animal qui vit particulièrement bien dans les marécages - il mange des feuilles, des baies, et toutes sortes d'aliments trouvé près du sol. Il a beau avoir vécu il y a si longtemps, le cheval garde aujourd'hui la capacité de "browsing", comme on dit en anglais: si on lui donne l'opportunité, il ira manger toutes sortes de plantes trouvées dans les bosquets, car ceci aura présenté un avantage à un moment donné dans l'évolution du cheval.

Les premiers "brouteurs"

Au fur et à mesure du temps, les petits ancêtres des Equidés ont grandi, sont devenu plus forts et plus à même de courir vite pour échapper aux prédateurs, dont le nombre commence à grandir. Le Merychippus s'est adapté à son environnement il y a 20 millions d'années: les marécages post aire glacière disparaissent au profit des grandes plaines, qui deviennent de plus en plus sèches. Non seulement plus grand et ne marchant presque que sur un seul doigt, il a aussi une mâchoire plus longue qui permet d'abriter de plus grandes dents: les hypsodontes. De plus, c'est un animal grégaire qui vit en horde.

Dernier stade d'évolution: la formation du sabot, doigt unique

Pliohippus est le dernier stade d'évolution avant Equus; sa taille et sa forme lui est très similaire, mais ce qui le différencie de ses ancêtres est l'utilisation d'un seul de ses doigts, lui permettant de fortifier la jambe du cheval telle qu'on l'a connait maintenant. Ce doigt unique est aussi marqué par le développement du sabot, qui a permit, par sa solidité, de démarquer le Pliohippus par sa vitesse dans les grandes plaines américaines. Le Pliohippus a vécu il y a 5 millions d'années.

Il y évidemment eu d'autres stades d'évolution entre l'Hyracotherium, le Merychippus et le Pliohippus. Mais ces 3 stades sont les plus importants, marquant l'apparition de nouveaux traits qui les a avantagés par rapport à d'autres espèces et les a mené à évoluer vers les chevaux.

Equus

Les premiers équidés datent d'il y a 3 millions d'années en Amérique du Nord. L'histoire exacte de comment les Equidés sont arrivé en Eurasie (et éteints en Amérique) n'est pas déterminée - il y a plusieurs hypothèses possibles. Les changements climatiques ont permis, à plusieurs reprise, d'ouvrir et de fermer le pont entre l'Alaska actuelle et la Sibérie. De nombreuses espèces ont pu traverser ce pont entre l'Amérique et l'Eurasie, mais il est difficile de déterminer exactement quand. C'est l'apparition de l'Homme chasseur et l'extension des forêts en Amérique qui a mené à l'extinction des chevaux, alors isolés de l'Eurasie, le pont étant sous les océans à nouveau.

En Eurasie, les forêts se sont développées, isolant de cette façon certains groupes dans certaines zones géographiques. C'est comme ça que les races se sont différenciées: par exemple au nord, les chevaux sont plus larges et robustes, permettant une meilleure conservation de la chaleur, leur nez est plutôt busqué, pour permettre de réchauffer l'air avant qu'il n'arrive aux poumons, et leurs pieds sont plus large pour éviter de pénétrer trop profondément dans les sols humides. Au Sud, par opposition, les chevaux sont plus petits, leurs nez plutôt concaves, et leurs pieds plus petits.

Ce qui a dicté l'évolution de l'Hyracotherium à Equus

Il y a deux forces majeures qui ont mené l'évolution vers notre cheval tel que nous le connaissons: l'environnement, changeant au profit des grandes prairies, et la prédation, qui s'est développée et intensifiée au fur et à mesure des siècles. Ces deux pressions de sélection ont forcé les ancêtres à s'adapter au niveau de la physiologie - pour être capable de se nourrir d'herbe et d'échapper aux prédateurs - et du comportement.

Adaptations alimentaires:

  • Hypsodonthie et allongement de la tête

  • Développement de la fermentation intestinale accompagné par un système digestif plus important dans un animal plus grand, avec un cou allongé pour pouvoir manger au sol

  • Développement du néocortex cérébrale permettant un meilleur ressenti au niveau des lèvres et de la bouche, menant ainsi a un comportement alimentaire très sélectif chez le cheval

Adaptations liées à la prédation:

  • Grande taille de l'animal, permettant uniquement aux prédateurs de grande taille de pouvoir les chasser

  • Développement du néocortex cérébrale, donnant au cheval la capacité d'apprendre, mémoriser, et mieux ressentir son environnement

  • Réduction du nombre de doigts vers le doigt unique, fini par un sabot, plus solide que les coussinets plantaires originels

  • Allongement des jambes par rapport au corps et fusion d'os pour plus de solidité

  • Développement d'un système locomoteur plus efficace pour la vitesse.

Ce qu'on retient de l'histoire de l'évolution d'Equus

Cela fait maintenant 54 millions d'années que les deux forces majoritaires d'évolution de l'espèce influent sur l'ADN du cheval. Les modifications environnementales ayant eu lieu pendant cette période, menant a l'apparition des grandes plaines, ont influencé l'anatomie digestive du cheval, le spécialisant dans la mastication et la digestion de l'herbe, tout en gardant son habilité au "browsing", c'est à dire manger d'autres aliments trouvés dans les marécages ou les sous bois. Ceci les a différencier des autres grands herbivores des plaines tels que les ruminants. Effectivement, les animaux pratiquant la ruminations sont plus adaptés à un environnement riche, étant plus compétant à l'extraction des nutriments à partir d'une plus petite quantité de nourriture. Les chevaux, d'un autre coté, sont mieux armés pour ingérer une plus grande quantité de nourriture et plus diverse, ce qui leur permet donc de survivre dans des environnements plus arides.

La prédation leur a forcé à developper un certain nombre de comportements, qui les a maintenu en vie pendant ces 54 millions d'années, notamment le comportement social qui requiert une vie de groupe, et le comportement de fuite, pour lequel des adaptions physiques ont eu lieu.

Domestication - a-t-on vraiment modifier nos chevaux au niveau de leur ADN?

Les traces les plus anciennes de la domestication d'Equus remonte a il y a environ 5 000 ans, ce qui démarque considérablement les chevaux des autres animaux domestiques. Les vaches et les moutons ont été domestiqués il y a environ 9 500, alors que les chiens ont été domestiqué il y a 12 000 ans.

La domestication des chevaux à mener à une vraie cassure avec leur état naturel. En les domestiquants, les Hommes ont considérablement modifier leur environnement et leur régime alimentaire pour convenir à leurs besoins, menant donc à la restriction de leurs mouvements, leur isolation, et à la distribution de repas plus riches - soit l'opposé complet de ce que des millions d'années d'évolution ont inscrit dans leurs gènes.

La domestication a-t-elle vraiment modifier le cheval ? Si on prend pour exemple le cheval de Przewalski, qui est la race la plus ancienne que l'Homme connaisse, et qui vit encore en semi-liberté dans certains pays, il semblerait que la réponse soit non. L'ADN du cheval domestique et du cheval de Przewalski sont pratiquement similaires, et leur physiologie est équivalente. De plus, les chevaux domestiques remis en liberté, comme les chevaux de Camargue par exemple, sont bel et bien capable de se ré-adapter à un mode de vie plus naturel. À l'opposé, les chevaux gardés dans des conditions non-naturelles présentent beaucoup de troubles comportementaux et physiologiques, prouvant que l'environnement n'est pas adapté (souvenons-nous de ce qu'on a dit au début: environnement, comportement et physiologie sont les 3 clés indissociable d'une espèce).

Tout simplement: 5 000 ans de domestication ne fait pas le poids face à 54 millions d'années d'évolution. Ces 5 000 ans correspondent environs a 250 générations, ce qui n'est pas suffisant pour provoquer un réel changement de l'espèce. Le cheval domestique est peut-être mieux adapté que ses camarades sauvages (les chevaux de Przewalski n'ont jamais supporter la domestication) mais il reste que leurs gènes sont les mêmes, et leurs besoins fondamentaux sont les mêmes.

Conclusion

L'histoire de l'évolution des chevaux nous en apprend énormément sur ce qui fait du cheval un cheval. Pendant des millions d'années, le cheval a évolué dans les grandes plaines, se différenciant d'autres herbivores en étant capable de diversifier leur alimentation, et de se nourrir en continu d'une source pauvre. Ceci a demandé une adaptation au niveau de l'anatomie digestive, favorisant la fermentation intestinale (plutôt que stomacale, comme les ruminants) ainsi que leur comportement alimentaire, les poussant à sélectionner les meilleures sources de nutriments. Des millions d'années de prédation les a poussé à devenir grands et rapides, se propulsants sur des jambes et des sabots solides (plus solides que les pattes et les coussinets de leurs prédateurs). Cela les a aussi mener à developper des comportements sociaux, leur permettant de survivre par la communication inter-espèce. Voilà ce qui est écrit dans l'ADN de votre cheval. Et il va nous falloir encore plusieurs millions d'années avant que cela ne puisse changer.

Sources:

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Kiley-Worthington, M., (1987) The Behaviour of Horses in Relation to Management and Training, 1st ed., London: J.A. Allen

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Mills, D., Nankervis, K. (1999) Equine Behaviour: Principles and Practice, 1st ed., Oxford: Blackwell Publishing

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Pilliner, S. (1992) Horse Nutrition and Feeding, 1st ed., Oxford: Blackwell Scientific Publications

Powell, D. G., Jackson, S. G., (1992) The Health of Horses, 1st ed., Harlow: Longman Scientific and Technical

Waran, N. (2007) The Welfare of Horses, 1st ed., Dordrecht: Springer

NB: l'article étant librement inspiré de l'article original, faisant 4000 mots et étant intégralement en anglais, je n'ai pas re-citer les sources, ne faisant pas de citation précises ni de traduction précises de ce que chaque source a dit. Toute fois, les informations contenu dans l'article original et dans celui-là sont les mêmes, donc les sources d'où sont extraites ces informations sont les mêmes.


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