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Parasitisme et vermifugation

Je vous avais proposé une série d'article sur le thème du parasitisme du cheval et la vermifugation. J'ai décidé qu'il serait plus simple de faire un article résumé, et de faire un document PDF avec la totalité des articles, sinon ça faisait trop. Voici donc cet article résumé, et trouvez le document complet dans la bibliothèque PDF.


Dans cet article, vous trouverez donc un résumé du document (qui fait 25 pages, donc très complet par rapport à cet article), dont le but principal est de sensibiliser à l'émergence de résistance aux vermifuges et à l'utilisation des examens coprologiques. J'aborderai aussi rapidement les différents parasites des chevaux adultes, les différents vermifuges, et la vermifugation naturelle.


Les parasites principaux des chevaux adultes

Il existe 4 parasites principaux pour les chevaux adultes: les petits et grands strongles, le ténia et les gastérophiles. Il existe d'autres parasites tels que les douves, les oxyures et les dictyocaules , mais ceux-ci sont plus rares.


Les gastérophiles sont ces espèces de grosses mouches qu'on peut parfois confondre avec des taons ou des abeilles qui viennent pondre les fameux petits jaunes sur les jambes de nos chevaux. Une fois les oeufs pondu, ils sont ingérés, éclosent dans la bouche, puis les larves migrent dans l'appareil digestif où elles passeront l'hiver bien au chaud avant d'émerger l'année suivante. A savoir que les gestion des gastérophiles est très simple et ne requiert pas l'intervention de substance chimiques : il suffit d'enlever les oeufs sur les jambes tous les 5 jours pour garantir qu'il n'y ait pas d'infection ! Il faut 7 à 10 jours de maturation pour qu'ils puissent éclore après ingestion.


Le ténia est un parasite assez problématique. Il est très résistant dans l'environnement (il sait se cacher dans les mites présentes dans l'herbe, et n'est pas non plus saisonnier) et il est résistant à de nombreuses classes de vermifuges. De plus, sa méthode de reproduction le rend très dur à détecter ... Il a tout pour plaire ! Il n'est toute fois pas aussi prévalent que son ami le strongle.


Les strongles sont les parasites les plus communs chez les chevaux, notamment les petits strongles (les cyathostomes). Ces vers là sont actifs uniquement entre 8 et 38°C, et plus particulièrement entre 15 et 25°C. Pas de problème en hiver, ils entrent dans une phase de dormance.

A savoir aussi : les stades larvaires des strongles sont les vrais problèmes, pas nécessairement les adultes. Effectivement, les larves des grands strongles migrent dans l'organisme du cheval, et notamment dans les artères autour du système digestif. Les larves de petits strongles, quant à elles, ne migrent pas hors du système digestif, par contre, elles s'y enkystent. Dans les deux cas, les larves sont compliqués à atteindre par les vermifuges, et peuvent causer de graves problèmes de santé (fibrose, colique...).


Les vermifuges

Un vermifuge est une toxine qui vise à tuer les parasites du cheval sans tuer le cheval, ça n'est pas un médicament !

Le métabolisme lié à l'excrétion de ces molécules est très complexe et pas anodin. Il faut donc s'en servir avec parcimonie (ils sont d'ailleurs soumis à prescription vétérinaire). De plus, ils sont extrêmement toxiques pour l'environnement, et notamment pour toutes les petites bêtes qui dégradent les crottins (qui sont absolument essentielles au cycle de la nature et à la qualité des sols).


Il n'existe que 4 classes de vermifuges toujours commercialisés, qui contiennent uniquement 5 molécules en tout (principalement utilisées, il en reste quelques autres dont on ne sert plus beaucoup). Ces 5 molécules sont les suivantes:

  • Benzimidazole

  • Pyrantel

  • Praziquantel

  • Ivermectine

  • Moxidectine

Chaque molécule a un spectre d'action bien particulier. Pour garantir l'efficacité d'un vermifuge, il faut avant tout adapter la molécule aux vers présents. On retient notamment que seul le praziquantel est vraiment efficace contre le ténia (et le pyrantel mais en double dose uniquement).


Résistance aux vermifuges et coproscopies

La résistance est un trait génétique qui constitue un avantage sélectif pour le parasite qui le possède. C'est-à-dire que c'est une caractéristique génétique qui permet au parasite de survivre aux traitements vermifuges. De cette manière, on retient que:

La proportion de parasite résistant augmente systématiquement à chaque traitement vermifuge.

A savoir aussi que la résistance est un trait à caractère quantitatif : c'est-à-dire que plus un parasite a de gènes de résistance, plus il sera résistant et plus il a de chances de survie à un traitement (pas de gène de résistance = pas de survie au traitement, peu de gènes de résistance = survie a une faible dose de vermifuge, beaucoup de gènes de résistance = survie à une forte dose de vermifuge).


Le facteur numéro 1 d'apparition de résistance est l'absence de réfugia = traiter tous les chevaux en même temps avec la même molécule. La réfugia c'est la partie de la population qui n'est pas exposée à un vermifuge. Conserver une réfugia permet de diluer les vers résistants avec des vers susceptibles. Pour mieux comprendre ce principe, rdv sur le document complet.


Le facteur numéro 2 est de traiter trop fréquemment : puisqu'à chaque traitement on tue les vers susceptibles et on garde en vie les résistants, on se retrouve à sélectionner pour les vers résistants et donc à augmenter la proportion de vers résistants dans la population globale. De plus, à chaque traitement, les vers peu résistants qui survivent peuvent développer de nouveaux mécanismes de résistance (par exposition au traitement) et devenir encore plus résistants.


Le facteur numéro 3 c'est le sous-dosage, pour les mêmes raisons que le point numéro 2. Il vaut mieux légèrement sur-doser que sous-doser, ce qui implique de bien estimer le poids de son cheval (chose qu'il est très difficile de faire).


Le rôle de la coproscopie

La coproscopie permet de déterminer quels individus vermifuger (les forts excréteurs) et quels individus conserver comme réfugia (les faibles excréteurs). Il a été prouvé que:

20% de la population de chevaux contient 80% de la population de parasites.

Mais attention la coproscopie doit être faite correctement, sinon elle n'est pas représentative, et ne concerne pas tous les vers. Elle sert notamment à estimer la présence de strongles adultes en période de ponte. Inutile donc en dehors de nos fameux 8 à 38°C (et moins représentative en dehors des 15 à 25°C), elle n'estime pas non plus la proportion de larves, ou des autres vers (elle n'est notamment pas du tout fiable pour le ténia).


On distingue les profils d'excréteurs de la manière suivante:

  • Les faibles excréteurs (50 à 70% des chevaux adultes) ont des résultats systématiques de 0 à 200 opg (oeuf/gramme de crottin) à plusieurs copro successives.

  • Les moyens excréteurs (10 à 20% des chevaux adultes) ont des résultats variables entre 200 et 500 opg à plusieurs copro successives.

  • Les forts excréteurs (20 à 30% des chevaux adultes) ont des résultats pratiquement systématiquement au dessus de 500 opg à plusieurs copro successives.

On peut alors ne vermifuger que les forts excréteurs pour contrôler la population parasitaire globale. Faire une copro avant chaque vermifuge est donc essentiel.


Puisque ceci est un article résumé et qu'il serait trop long d'aborder ce sujet, retrouvez le programme de vermifugation complet dans le document disponible dans la bibliothèque PDF.


Lutter contre le parasitisme sans vermifuger

Non seulement c'est possible, mais en plus, c'est bien plus efficace !

90% des parasites se trouvent dans l'environnement contre seulement 10% chez les chevaux.

Une bonne gestion des prairies est le facteur numéro 1 de lutte contre le parasitisme. Une mesure assez radicale est le ramassage des crottins, même si compliqué à mettre en oeuvre. Le ramassage quotidien n'est pas forcément nécessaire, et il est surtout important en période chaude (en hiver de toutes façon les strongles sont dormants...). Eviter le sur-pâturage est aussi essentiel : les chevaux vont naturellement créer des zones de refus où ils font leurs crottins mais ne mangent pas l'herbe autour. S'il n'y a pas assez d'herbe, ils vont automatiquement arrêter ce comportement et manger l'herbe autour de leurs crottins, et donc se ré-infecter plus rapidement.


Au box, le cheval n'est pas moins exposé, au contraire, c'est juste que l'environnement est plus contrôlable. Des mesures d'hygiènes sont importantes à suivre : ramasser les crottins tous les jours, curer toutes les semaines, désinfecter (y compris les mangeoires), ne pas nourrir au sol (même le foin...), etc. Dans un box, la température est moins sujette à variations, les parasites peuvent donc rester bien au chaud l'hiver et être problématique toute l'année.


La vermifugation naturelle

Il existe de nos jours pleins de produits différents qui s'appellent "vermifuges naturels". A savoir déjà que peu de ces produits sont réellement des vermifuges, puisque peu d'entre eux tuent réellement les parasites, beaucoup permettant juste de créer un environnement qui n'est pas favorables à leur développement.


Est-ce qu'on peut entièrement se passer de vermifuge chimique ? Personnellement, je suis plutôt de l'avis que non, ou plutôt qu'il existe une gestion raisonnée du parasitisme qui permet d'éviter de s'en servir un maximum, ce qui inclue l'utilisation de produits naturels quand c'est possible.

Choisir quand vermifuger naturellement

Je vais me baser sur plusieurs éléments pour déterminer quand ne rien faire, quand vermifuger naturellement, et quand vermifuger chimiquement:

  • Le risque dans l'environnement (prairie vs. box, gestion des prairies vs. hygiène au box)

  • Le profil d'excréteur de mon cheval (établis après plusieurs copro successives)

  • Le résultat de la dernière copro (par rapport au temps écoulé depuis la dernière vermifugation chimique)

Sur résultat de copro, je vermifuge : - 200 opg = rien, 200 à 500 opg = naturel dans un environnent à faible risque, chimique dans un environnement à haut risque, + 500 opg = chimique systématique.

Les vermifuges naturels

Il existe deux types de plantes dont on peu se servir :

  • Celles qui boostent le système immunitaire, l'échinacée arrivant en tête de liste suive du cynorrhodon.

  • Celles qui stimulent le système digestif et ont un effet anti-parasitaire, l'anis, la camomille, et le fenouil étant de bons exemples. La tanaisie et l'armoise sont des anti-parasitaires puissants mais leur utilisation est plus complexe (effets secondaires).

J'ai entendu beaucoup de bien des vermifuges à base d'huiles essentielles, et je m'en sers tellement dans mon quotidien que je ne suis pas étonnée. Je vous recommande fortement de suivre cette formation pour avoir plus d'infos là dessus, ou de vous adresser auprès de HorseSens pour voir les formations qu'elle propose en aromathérapie équine.


Il existe deux autres vermifuges naturels incontournables : l'ail et la terre de diatomée. Toute fois, leur utilisation est soumise à conditions (voir document complet).


Le cas particulier des poulains

Les poulains (jusqu'à 2 ans) ne peuvent pas suivre le même programme que les adultes : ils sont plus susceptibles aux parasites (plus jeunes donc un système immunitaire plus faible) et ne sont pas forcément concernés par les mêmes parasites (dépendant de leur âge). Rdv sur document pour plus d'information à ce sujet.


Conclusion

J'espère qu'à la suite de cet article vous aurez pu remettre en question la gestion "classique" du parasitisme, et que vous aurez compris l'urgence de changer nos pratiques. Nous ne possédons que 4 classes de vermifuges, et l'avancée la plus récente date des années 1990 avec l'arrivée de la Moxidectine. Nous ne sommes pas prêt de développer de nouvelles molécules, mais par contre, nous avons tous les ans de plus en plus de chevaux résistants, et de plus en plus de forts excréteurs du à notre gestion de l'environnement et à la vermifugation systématique.


Même si la gestion complète de l'environnement est trop compliquée à mettre en oeuvre pour vous, il reste des mesures simples à mettre en place. L'utilisation de copro et de vermifuges naturels quand c'est possible est aussi un bon moyen de retarder l'échéance, et surtout, de prendre soin de chevaux plus naturellement.


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