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Interactions homme/équin - comment notre stress affecte notre cheval

Dernière mise à jour : 6 janv. 2020


Aujourd'hui je partage avec vous un article scientifique que j'ai rencontré pendant mes cours et que j'ai trouvé particulièrement intéressant. Dans le cadre de mon module "Performance Rider Development", nous voyons en ce moment comment gérer le stress du cavalier de compétition. Pour illustrer l'importance de la gestion du stress, notre prof nous a premièrement montré qu'à un certain niveau (professionnel, olympique) c'était finalement le mental qui serait le facteur le plus important et le plus déterminant, celui qui faisait vraiment la différence entre un podium et une élimination.

Cette semaine on a continué en montrant que, bien que le mental affecte (évidemment) la performance du cavalier, il affecte aussi énormément la performance tu cheval. Effectivement, on a tous entendu parlé de la capacité du cheval à lire nos émotions, à nous comprendre bien mieux que nous ne nous comprenons nous-mêmes. Avec un cheval, inutile de mentir ou de prétendre, il saura de toute manière!

Notre stress est directement communiqué à notre cheval, de manière inconsciente!

Cette étude en particulier à démontrer de manière scientifique que ceci était parfaitement vrai. L'étude dont je parle s'appelle "Investigating horse-human interactions: The effect of a nervous human", par L. J. Keeling, L. Jonare et L. Lanneborn, publiée en 2009 dans le journal scientifique The Veterinary Journal. Basée sur l'observation de 27 chevaux et 37 cavaliers, l'étude a été conduite à pied et à cheval, avec des animaux vivants dans des conditions similaires, et des cavaliers qui n'étaient ni professionnels ni compétiteurs mais qui avaient au moins 3 d'expérience.

Dans une première partie, le cavalier devait marcher avec le cheval en main entre un point A et un point B, et faire 4 passages. Les conditions étaient exactement les mêmes sur les 4 passages, avec simplement quelqu'un qui se tenait entre les points A et B, un parapluie à la main. Les trois premiers passages étaient normaux, mais sur le 4e passage, il était dit au cavalier que le parapluie allait être ouvert, ce qui pourrait potentiellement faire peur au cheval. Hors, le parapluie n'a jamais été ouvert, et le 4e passage restait finalement parfaitement identique aux 3 passages précédents, à la condition près que le cavalier s'attendait à ce que quelque chose se passe. La même chose a été faite avec des cavaliers différents, mais cette fois monté. Les résultats sont très clairs: que ce soit en main où monté, le rythme cardiaque (enregistré pour le cheval et le cavalier pendant la totalité de l'exercice) se suivent. De manière générale, le premier passage montrait un rythme cardiaque assez élevé autant chez l'humain que chez le cheval, certainement liés à la nouveauté de l'exercice. Les passages 2 et 3 montraient des rythmes cardiaques similaires, plus bas autant chez le cheval que chez le cavalier par rapport au premier passage. Et le 4e passage montrait une nouvelle augmentation du rythme cardiaque, encore une fois autant chez le cheval que chez le cavalier. Le cheval n'avait aucun moyen de savoir que sur le 4e passage le parapluie allait être ouvert - c'est ce qui a été dit à l'humain, mais autant que je sache, les chevaux ne parlent pas (encore) notre langue! Pour le cheval, les conditions ont été exactement les mêmes sur les 4 passages, et pourtant, le 4e passage était plus stressant pour lui que ceux d'avant. Il ne peut y avoir qu'une seule cause: le cavalier!

D'autres paramètres ont été observés. Par example, il a été noté que lors de la partie à pied les cavaliers ne tenaient pas leur chevaux plus court, ça n'est donc pas là la cause de l'augmentation du rythme cardiaque. Par contre, dans le cas des chevaux montés, les cavaliers ont été noté avoir des rênes plus courtes sur le passage numéro 4, montrant donc que ceci est un des moyens par lequel le cheval lit le stress de son cavalier. Mais ça n'est pas le seul...

Le cheval est largement capable de lire notre comportement, c'est un atout inscrit dans leurs gènes au travers de leur évolution. Il y a bien évidemment un nombre infini de possibilités qui pourraient expliquer comment nos chevaux sont capables de lire nos émotions. En tant qu'animaux de proie, lire leur congénère est primordial pour leur survie. Se regrouper en troupeau est l'une des stratégie de survie qui a mené à la préservation de l'espèce au travers de son évolution - et il y a bien une raison! Les chevaux ont certains sens bien plus développés que nous, notamment au niveau de l'odorat et de l'ouïe. Cette étude prouve que les chevaux sont aussi capable de nous lire nous, même si nous ne sommes pas d'autres chevaux. Tension dans le corps, démarche, gestes que l'on pense imperceptible... Il serait même tout à fait possible qu'à proximité le cheval soit capable d'entendre notre coeur. Et pourquoi pas? Leur audition est bien meilleur que la notre.

Vous connaissez l'histoire le Clever Hans, le cheval savant? Dans les années 1900, Hans était un cheval appartenant à Wilhelm von Osten, et apparemment, il savait compter. Effectivement, il savait donner des réponses exactes quand on lui demandait des calculs ou des dates - il savait faire des additions, des multiplications, des divisions, etc. Vraiment? Non, pas vraiment. Il a été prouvé qu'en fait Clever Hans arrivait à lire en l'humain (n'importe quel humain) le moment où il approchait de la bonne réponse. Il tapait donc du pied, non pas en comptant, mais en attendant de voir quand l'humain commencerait à réagir. Et ceci avec n'importe quel humain, même un parfait inconnu, c'était tout simplement une tension infime qu'il arrivait à reconnaître.

Alors, fini de vous cacher. Votre cheval vous lit ! L'homme de cheval ce n'est pas celui qui contrôle le mieux son cheval, c'est celui qui contrôle le mieux ses propres émotions et qui est capable de mettre son corps et son esprit entier à profit.

Sources:

J. Ladewig (2007) "Clever Hans is still whinnying with us", Behavioural Processes, 76(1), pp20-21

L. J. Keeling, L. Jonare, L. Lanneborne (2009) "Investigating horse-human interactions: The effect of a nervous human", The Veterinary Journal, pp70-71

Plus d'information sur Clever Hans: https://fr.wikipedia.org/wiki/Hans_le_Malin


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